Les films cinéma à vous conseiller ou non [EN salle]

En fait je suis végétarien. Pas étonnant que j'aie moyennement apprécié la prestation de L.Bekhti, pourtant bien investie dans son rôle sulfureux !
Dans ce "Carnivores" des frères Régnier, elle incarne une actrice, en galère depuis toujours, qui vient au secours de sa soeur, actrice aussi mais star quant à elle, en danger de burn-out sur le tournage d'un film avec un réal exigeant. Et de fil en aiguille, forcément ça finit par piquer un (tout petit) peu. Oui mais...
Soigné, bien léché et soutenu sur le plan de la direction d'acteurs, ce petit thriller psychologique qui lorgne laborieusement du côté de la psychiatrie façon Freud ou Lacan ne casse pas trois pattes à un canard, tous les ressorts de l'intrigue étant pour le moins prévisibles. Toutefois, on pourra se prendre au jeu des soeurs Bekhti-Hanrot, bien secondées par le mari tourmenté. Surtout un Dimanche soir à la téloche...

Dans son livre "Le collier rouge", Jean-Christophe Rufin invente l'histoire d'un poilu de la "der des der" (Nicolas Duvauchelle dans le film éponyme), revenu au pays blessé mai décoré de la légion d'honneur siouplait, qui "sabote" un défilé du 14 Juillet en 1919 en accrochant sa médaille au cou de son chien, lequel l'avait accompagné au front. Cet affront à la mère patrie après le front (ô l'amère partie ! ) lui vaut d'être emprisonné et de risquer le bagne, voire plus. Pour rendre son verdict en toute connaissance de cause, un gradé de la cour martiale (François Cluzet dans le film) se déplace dans la petite ville où le renégat attend son jugement. Il veut connaître l'homme, ce qui a motivé son geste, ce qu'il a vécu pour en arriver là.
Jean Becker signe une adaptation selon moi réussie de l'excellent petit opus de Ruffin que j'avais lu avidement, d'une traite, à l'époque de sa sortie. L'esprit et la trame du livre sont respectés consciencieusement. La beauté de la campagne choisie pour camper le décor, le réalisme des scènes de combat que le scénariste a choisi d'évoquer dans des flash-backs pour tenter de donner du "peps" au récit, la sobre justesse du jeu des quatre principaux protagonistes, tout cela nous immerge de façon crédible dans la France rurale du début du 20° siècle, saignée par la folie expansionniste des grands argentiers, industriels et autres décideurs politiques, ces "assis" monstrueux dénoncés un demi siècle plus tôt par Rimbaud... Sans esbroufe et sans le brio inspiré du récent "Au revoir là haut", c'est de la belle ouvrage quand même.

On a dit grand bien de "The rider", film de Chloé Zhao contant l'histoire vraie de Brady, jeune dresseur de chevaux surdoué devant renoncer à sa vie de cavalier et aux compétitions de rodéo, où il commençait à se faire une réputation, à cause d'un accident ayant failli lui coûter la vie. On a eu raison.
Anti-western pétri d'humanité, film d'une femme portant sur un univers de machos un regard tout en intériorité, "The rider" me donne envie de voir "Les chansons que mes frères m'ont apprises", l'autre long métrage de Chloé Zhao.
Son panoramique intimiste sur le monde du rodéo est d'autant plus poignant que Brady, son héros magnifique, joue pour nous sa propre histoire, le chemin de son adieu au rodéo après l'accident. Le jeune homme nous donne à voir son tourment sans jamais perdre sa dignité, car jamais le film ne s'étale dans le voyeurisme. Sur le dénuement du monde, où manque tant d'éléments pour créer une animation esthétique ou accrocher le regard, plane heureusement la lumière, magnifiée par Chloe Zhao ! Sous les ciels grandioses invitant au rêve, pas un arbre, pas un canyon, rien qu'une mer d'herbe tour à tour verte et roussie, à peine soulevée par quelques timides mouvements de terrain, à peine de loin en loin percée par la roche où se poser guitare en main, le soir au coin d'un feu, écouter chanter la gloire de héros déchus et leur faire même l'honneur d'une sobre prière... Très beau est le regard porté sur le lien qui unit Brady à sa soeur innocente, au vieux pote qu'il va voir à l'hosto, victime comme lui de la violence de leur passion, mais qui n'a pas eu sa chance....Moi-même, vieux cavalier pratiquant ayant pris il y a peu la décision de laisser les chevaux à cause de mon corps malmené, je n'ai bien sûr eu aucun mal à entrer dans la peau de Brady mais j'en aurai plus à porter sur ce beau film un regard objectif, à le critiquer tant soit peu. Un centaure blessé qui passe au régime sans selle (!) et souffre de devoir renoncer au sel de sa vie, c'est poignant. Un cheval blessé à cause de la folie barbelée des hommes au point qu'il faille en finir avec lui, ça l'est encore plus. Mais un homme qui regagne la confiance d'un cheval que d'autres ont commencé à briser, un homme qui cherche à rester debout et murmure dignement son humilité à l'oreille de chevaux, bon Dieu c'est beau à pleurer ! C'est d'ailleurs ce que j'ai fait deux ou trois fois, tout seul devant l'écran. Je m'y attendais, bien sûr, en entrant dans la salle et ne sais pas si ça m'a aidé dans mes renoncements mais merci quand même à Brady et Chloé...

En Israel, les jeunes font l'armée pour du vrai, la guerre c'est pas du bidon. Quand Michael et Dafna, dont le fils Yonathan est sous les drapeaux, reçoivent la visite de deux militaires, ils savent que le pire est arrivé. Foxtrot (de Samuel Maoz) commence donc par ce qui semble bien être un drame absolu. Mais quand le hasard semble farceur, Michael a du mal avec l'humour noir. Allez savoir si la farce en est une !... Pour se faire une idée il faut voir, je ne peux pas divulgâcher comme disent les canadiens. En tous cas le film vaut le détour.
Le destin comme un cercle vicieux, l'absurdité de la guerre voire de la vie, le propos nous entre dans le crâne à force de virtuosité, un peu appuyée peut-être. La mise en scène, très minimaliste et esthétique dans la deuxième partie décalée jusqu'à l'humour, contrepoint très réussi de la première où la tension dramatique nous sature en émotion, retourne au final vers le drame et aborde le thème de la culpabilité rongeant l'amour vrai. Bien peu d'espoir à retirer des perspectives sur le conflit israelo-palestinien évoquées dans ce film très noir et très brillant, fascinant, et dérangeant pour le moins. Un moment d'intensité.

Voilà un film d'animation qui vaut le coup, à voir avec ses enfants (ou ceux des autres...) pas trop jeunes pour en discuter avec eux, ou même sans enfant, pour soi-même, comme je viens de le faire avec ma moitié.
Avec Parvana on est loin des standards américains qui conditionnent le succès assuré, chez eux, d'un long métrage d'animation. Pas de surenchère aux effets spécaux 3D, pas de surenchère scénaristique privilégiant une certaine frénésie évènementielle, pas de dialogues brillants façon ping-pong verbal inspiré truffé de trouvailles désopilantes, rien de tout ça. Non pas que l'esthétique soit bâclée, loin s'en faut ! La gestuelle des personnage est fluide et agréable, le coup de "crayon" est synthétique mais fort juste, les décors sont soignés, dans des tons pastels aquarellés, même si la couleur devient plus présente, magnifiant un crayonné encore plus synthétique lors des séquences faisant référence au conte traditionnel. Car pour nous conter la tranche de vie de Parvana, une jeune afghane, qui décide de se déguiser en garçon afin de pouvoir sortir dans les rues de Kaboul en l'absence de son père emprisonné et aider ainsi sa famille à survivre, pour replacer les choses dans un contexte de guerre et de terreur, le scénario se sert habilement d'une sorte de mise en abîme : Parvana raconte à son petit frère une histoire dont les développements sont raccords avec les épreuves qu'elle traverse. C'est brillamment construit, sans temps mort mais sans hâte, la mayonnaise prend bien vite et nous prend aux tripes sans coup férir. On s'attache, on s'indigne, on se demande comment un peuple si fin peut supporter tant de tyrannie, on ouvre les yeux s'il en était besoin sur notre chance indécente. Autant dire que derrière le formel, qui tient solidement la route, il y a du fond, du profond... Chapeau les artistes !

Woman at war nous vient d'Islande et c'est un sacré bol d'air .  Pour le poète, "La femme est l'avenir de l'homme"... Benedict Erlingsson semble de l'avis d'Aragon, il a plus d'un tour dans son sac pour nous convaincre et selon moi, il réussit fort bien son coup  ! Halla, son héroïne, magistralement campée par la taciturne et néanmoins rayonnante Halldora Geirhardsdottir (aussi belle en commando qu'en chef de choeur ou qu'en sa soeur jumelle prof de yoga), a une pêche d'enfer et un coeur gros comme ça. C'est bien utile pour porter des coups qui font mal à l'industrie locale de l'aluminium, coupable selon elle de dégradations catastrophiques sur son magnifique et rude biotope . Ses moyens ? Trois fois rien : un arc et des flèches, du culot à revendre, quelques discrètes sympathies dans son voisinage, une vieille machine à écrire, un solide sens de l'a-propos pour déjouer les pièges des Big Brothers locaux, un pain de Semtex volé dans un entrepôt, et une sacrée condition physique façon green warrior. Son combat, palpitant, nous est balancé au visage l'air de rien, avec une bonne dose d'humour, de poésie et de musique décalée qui balance pas mal. Le twist final, surprise du chef de jumelles beaucoup plus consistantes qu'à Rochefort (pardon Mr Demy, mais vos demoiselles m'ont toujours agacé   ), est bien un peu tiré par les cheveux mais bon, il n'est pas vraiment question de réalisme dans cette jolie fable, même si elle se donne des airs high tech avec drones et caméras de surveillance... Il est juste question de survie, et on ferait bien d'en prendre de la graine. Bravo !

"The guilty" est le premier film d'un certain G.Möller dont on reparlera sûrement s'il continue comme ça. Ca raconte la course contre la montre d'un flic affecté à un répondeur téléphonique qui chope l'appel au secours d'une femme kidnappée dans une voiture en mouvement, et doit se fier à son instinct pour réussir à la tirer d'affaire dans l'urgence. Sachez qu'on ne voit pendant tout ce suspense que le flic, et qu'on n'entend les autres personnages qu'au téléphone. Fallait y penser, fallait oser, mais ça fonctionne, c'est moi qui vous le dis !
Pour un premier film, dans le genre huis-clos G.Möller réussit un chef d'oeuvre ! Sobriété, intensité, efficacité : à des lieues des blocks-busters américains et leur débauche de moyens, son exercice de style est une épure remarquable qui nous harponne en deux temps trois mouvements et ne nous lâche plus jusqu'à la pénombre finale de la dernière partie, juste avant que le seul protagoniste visible s'éloigne à contre-jour vers la lumière, looser magnifique et poignant enfin résolu à la vérité. Tout se joue sur les cadrages, les dialogues et le jeu tout en retenue de Jakob Cedergren, crédible ô combien en flic tourmenté pétri d'humanité. Tout cela, combiné  bien sûr avec l'habileté du scénario, cisèle une montée en puissance diabolique de l'intensité dramatique dont on sort groggy, mais comblé tant c'est... sobre, intense, efficace, je n'ai pas peur de me répéter. Un sacré moment de cinoche !

Je passe ici puisqu'on parle de films en ce moment avec Christophe,
pour dénoncer une merde sans nom.

Un remake d'un film déjà existant.

Quand j'étais gosse je lisais des "Marvel" ces BD de super héros.
Depuis de nombreuses années, on dirait que Hollywood n'a plus que ça à nous montrer.
Comme si ils n'avaient plus d'idées et avaient trouvé le filon commercial sans fin.

Je n'ais rien contre à vrai dire et me laisse volontiers entraîner à leur visionnage.
Surtout par curiosité.

Je vais parler ici des deux réalisations des "4 fantastiques".

La première date des environs de 2007 avec quelques épisodes.
(je n'ais pas compté à vrai dire, peut-être 2 seulement)

Celle-ci :



Pas de souci, c'est amusant et absolument tout public.
Juste un film distrayant, sans prétention, ne se prenant pas au sérieux et bourré d'humour.

Celle-ci par contre :



C'est une merde absolue !
Aucune cohérence dans l'histoire et on s'éloigne des écritures de Marvel.
Un exemple qui surprend dès les premières minutes du film et annonce la couleur :
La fille douée de télékinésie devient blanche, l'homme torche devient noir.
C'est exactement l'inverse dans les BD Marvel et dans la première version ciné !

On se demande alors si les auteurs de ce film ont ouvert un jour la BD ?
Et la fête continue... multiplication des incohérences, personnages vides et histoire sans queue ni tête.
ça se prend au sérieux tout le long du film, aucun humour > absolument aucun !
Ce que ni la première mouture, ni les fameuses BD n'ont oublié.
A radier définitivement !

Si je ne mets "que" trois étoiles à ce film généreux qu'est "Nevada", c'est surtout en raison de la frustration, voire du scepticisme que j'ai ressenti en tant que vieux cavalier, lors des séquences traitant du travail des chevaux. Le film aborde le parcours de réhabilitation de prisonniers difficiles au Nevada par des contacts de travail avec des chevaux sauvages, et focalise sur le lien qui se tisse entre Roman (M.Schoenhaert, magnifique de retenue) et le cheval qu'on le charge de "dresser", cheval qu'il nomme Marquis, cheval qui va lui faire tant de bien en le conduisant vers la découverte du contrôle de soi, en l'acceptant comme complice dominant... Certes, le film adopte un parti-pris de sobriété narrative, comme en témoigne une forte scène de règlement de compte entre Roman et son co-détenu (on ne sait pas ce que devient ce dernier et c'est peu gênant, pour le coup l'ellipse me paraît juste). Mais pour ce qui concerne la progression de l'entente entre Roman et "son" Marquis, l'influence de Redford, qui apparaît au générique, lui qui avait pris tout son temps pour nous détailler le lent cheminement de la confiance quand il murmurait à l'oreille d'un cheval traumatisé, cette influence  ne se voit pas, c'est le moins qu'on puisse dire. Et la rapidité de la progression m'a semblé d'autant moins crédible que Roman n'avait jamais mis les fesses sur une selle, nous dit le scénario, ni approché les chevaux avant d'intégrer le programme ! La scène de la première séance de travail monté, dans laquelle ce grand costaud de Schoenhaert peine à trouver son équilibre même au pas, est tout sauf réaliste. Pour qui a déjà pratiqué des débourrages, cette scène confine au ridicule, à la supercherie... Pour le reste (l'essentiel du film en fait), à savoir le cheminement intérieur d'un homme torturé, fermé à double tour, vers un peu de lâcher-prise, vers un début d'ouverture à l'amour, le film fonctionne avec beaucoup de finesse. Enfin il me faut mentionner que Bruce Dern vaut le détour en vieux cow-boy bourru superviseur du programme équestre, débourreur d'hommes autant que de broncos. Bref, ce film m'a touché mais, en tant que cavalier, pas dévasté comme avait pu le faire "The rider", humainement déchirant et parfaitement crédible quant à lui sur le plan équestre...

"Yesterday" Nous raconte l'histoire d'un chanteur raté qui, après un accident, débarque dans un monde parallèle contemporain et en tous points semblable au sien, sauf qu'on n'y connait pas certaines célébrités et notamment pas les Beatles. Lui qui connait leur répertoire assez bien y voit l'occasion de percer dans le monde de la pop et tente sa chance en présentant leurs titres, à commencer par Yesterday. Bien sûr, on le repère rapidement et on crie au génie...
Certes "Yesterday", après un début accrocheur et plutôt brillant, flirte ensuite avec des ambiances sirupeuses trop prévisibles, jusqu'à un final clairement convenu, façon "ils vécurent heureux et eurent de beaux enfants". Certes, si les 2 immenses tubes que Himesh Patel (mention spéciale à lui) interprète au début, Yesterday à la guitare pour ses copains et sa Lillie, Let it be si mes souvenirs sont bons au piano, pour en mettre plein la vue au chanteur à succès Ed Sheeran (qui gagne à être connu et que, honte à moi, je ne connaissais pas), si donc ces deux tubes provoquent deux moments d'émotion justifiant le film à eux seuls selon moi, si par ailleurs l'enregistrement du premier disque, bidouillé dans un studio perturbé par le passage des trains, est lui aussi jubilatoire, je dois reconnaître que certains autres morceaux, joués devant les foules en délire avec une orchestration électrique surpuissante, m'ont déçu. Mais pour moi, baby boomer qui ai toujours été clairement plus Beatles que Stones, le film de D.Boyle, hommage joyeux truffé de clins d'oeils subliminaux au vécu des Fab Four, (trop) gentiment caustique vis à vis des requins du show biz, ce film m'a fait entrer en délicieuse nostalgie comme les deux spectateurs pas dupes et leur yellow submarine du dernier concert, il m'a fait passer un très bon moment et je lui donne un satisfecit.
Voili voilou mes gens, deux films d'un coup, vous êtes gâtés si vous cherchez une toile pour cette semaine...

Merci.
Autant le coté narratif du premier me fait fuir (et puis moi et les chevaux )
mais le deuxième me tenterait bien !

Bon été Christophe !

Oups, Manu je m'aperçois que j'ai posté, pour ces deux sorties de la semaine, dans la mauvaise rubrique, celle des films hors salle... Excuse

C'est fait.

Vu la semaine dernière, "Persona non grata", de et avec Roschdy Zem. Grosse déception, et ça me fait mal de l'écrire car j'ai toujours considéré R.Z comme un acteur sensible autant que percutant et un réalisateur éclairé autant qu'efficace. Cette fois il se fourvoie, à mon sens, dans un thriller sur fond de magouilles immobilières, d'amitié à la vie puis à la mort entre deux jeunes entrepreneurs aux abois, thriller qui démarre plutôt pas mal mais que son entrée en scène, dans un rôle à contre-emploi qu'il s'est construit, vient déstabiliser tout d'abord, rendre peu crédible voire agaçant pour finir. S'il n'était pas réalisateur, ma foi on pourrait se dire qu'il faut bien faire bouillir la marmite, que tout le monde peut se tromper, mais là, non, quelque chose me choque... C'est lui qui a estimé avoir des choses utiles ou novatrices à dire et à montrer, des idées reçues à bousculer, des injustices ou des erreurs à dénoncer que sais-je, bref sa petite pierre de cinéaste à apporter qui vaille la peine d'être posée. Il a sûrement remué ciel et terre dans le microcosme du cinoche pour monter son projet, c'est lui le réal... Alors ? Alors je lui en veux, un peu : mais qu'est-ce qui lui a pris de nous embarquer dans cet univers parfois limite bling-bling, et surtout d'y construire cette histoire d'outrances peu vraisemblable, à laquelle en tous cas je n'arrive pas à croire ? Je n'irais pas jusqu'à dire que je me suis ennuyé, j'ai même parfois apprécié le jeu investi du duo Duvauchelle/Personaz, qui fonctionne plutôt bien. Chacun d'eux mérite sa (petite) étoile, ça limite les dégâts mais ce film-là est une ombre au tableau de Roschdy Zem, quasi sans-faute jusqu'ici pour moi. Lui qui nous a habitués à tellement mieux ! Dommage...

Vu que c'est les vacances, merci pour ce recueil de bullage à consulter sans modération !

Ce soir c'était Toy story 4 et j'ai pas été déçu. On a été voir ça avec notre grand fiston de 24 balais, venu nous faire un coucou. Et personne ne s'est ennuyé, pas plus nous que les vrais enfants qui étaient dans la salle.
Passé le premier quart d’heure au cours duquel j'ai ressenti une ambiance de "déjà-vu" plutôt agréable, comme l'impression de retourner dans un univers qui m'avait plu, je commençais presque à redouter l’ennui quand Bonnie, qui a remplacé Andy dans le troisième volet, crée sa fourchette marrante, la nomme Forky, et c'est parti mon kiki !... L'arrivée de cette Forky est une première accroche qui fait mouche et emporte avec elle la crainte d’une déception en fin de film. Les liens qui se tissent entre Forky et Bonnie d'une part, entre Forky et l'équipe de jouets cornaquée par Woody d'autre part, les péripéties liées au départ de la famille en excursion, le retour en scène de Bo la bergère dégourdie, tout relance l'intérêt et est fort bien soutenu par des dialogues toujours aussi brillants, dont on s’excite à ne rien perdre. Et ça dure comme ça jusqu’au final, lui aussi très bien vu d’ailleurs, porteur d’une charge émotionnelle de bon aloi. Dire que j’attends avec impatience un volet 5 serait exagéré mais je dois reconnaïtre que j’ai été bien cueilli, une fois de plus. Alors oui, chapeau les artistes, qu’ils soient scénaristes, animateurs ou acteurs de doublage !

Ma femme est allé le voir aussi en salle, avec notre fille, elles se sont régalées !

Moi, j'étais au boulot !

Mardi j'ai été voir "Au nom de la terre", avec Guillaume Canet et Veerle Baetens (dont je vous ai parlé il y a un moment puisqu'elle jouait la jolie tatoueuse à la voix sublime dans "Alabama Monroe"). J'ai mis ça sur Allocine :

Film témoignage coup de poing, "Au nom de la terre" nous cueille d'autant plus au plexus qu'il ne joue pas sur la corde sensible, qu'il ne fait pas dans la surenchère. Les séquences d'un bonheur familial sans esbroufe et du combat ordinaire que mènent Pierre et les siens pour maintenir à flots une exploitation familiale, cette lutte discrète d'une famille unie, tout cela est traité sans effets appuyés. Les aspects inquiétants du productivisme dépendant de la chimie, la main-mise pernicieuse des grandes enseignes sur la vie du fermier dès lors qu'il a écouté le chant de leurs sirènes, ça aussi c'est évoqué mais comme un aspect normal du quotidien, les mises en garde bougonnes du grand-père effrayé par le gigantisme passant plus ou moins inaperçues comme l'expression banale du sempiternel conflit des générations. Mais la banalité donne d'autant plus de poids à l'élément l'élément déclencheur d'un incendie à partir duquel l'ambiance du film change crescendo, jusqu'à un final sans concession, coup d'arrêt brutal et poignant. Le réel s'impose à nous et fait froid dans le dos, on pense fort à E.Bourgeon, le réal qui ose nous raconter son histoire, sa propre histoire et celle de son père victime des grands empoisonneurs. Le réal ose, donc, et fait bien d'oser. Cri d'alarme, plaidoyer pour un peu de mesure, dénonciation de notre folie collective, son film est une réussite pleine de tact et il faut saluer la prestation de tous les comédiens qui incarnent ce récit terrible et vrai (G.Canet, V.Baetens, A.Bajon, Rufus, S.Guesmi et Y.Kervern). Quand cesserons-nous de marcher sur la tête ?

Hier soir c'était cinoche pour oublier la grisaille. Raté, mais je m'y attendais en choisissant "Sorry we missed you"", de Ken Loach ... J'ai mis ça sur allocine, avec 5 étoiles (chef d'oeuvre, un barème que j'hésite toujours à choisir, mais là j'ai osé !) :

A 83 ans, Ken Loach a conservé son coeur de jeune gauchiste et laissez-moi vous dire, mes gens, qu'il en a encore sous le capot ! Toujours aussi généreux, empathique et clairvoyant voire extra-lucide, avec son scénariste P.Laverty il nous met aux premières loges pour vivre le quotidien d'une famille modèle de braves gens ordinaires, laminés par l'ultralibéralisme numérisé, ou plus précisément par l'ubèrisme déshumanisé. Dans la mégapole Ricky se débat pour surnager dignement, comme sa tendre Abby. Ils sont deux belles personnes qui veulent un mieux pour leurs deux rejetons futés, ils rament mais ils y croient. Malheureusement Ricky cède au chant des sirènes et glisse un doigt dans l'engrenage, en achetant une camionnette pour devenir livreur indépendant, quelque chose comme un auto-entrepreneur. Dès lors c'est la fuite en avant. Le cercle est vicieux et l'implacable démonstration de leur impuissance à tenir le rythme imposé par l'économie virtuelle n'est même pas misérabiliste, elle est simplement réaliste je crois. La tension monte à mesure que les marches se descendent. Entre elles K.Loach place des paliers, comme des respirations où cherche encore à s'épanouir la valeur refuge qu'il met en avant, la famille. Et malgré la révolte de Seb, l'ado créatif à qui on ne la fait pas, malgré la peur de la petite Liza, si craquante, grâce surtout à la puissante douceur d'Abby qui cimente tout, la famille tient. L'amour tient bon mais pour combien de temps, après la fin ouverte que nous propose ce film exemplaire ?... Servie par une brochette d'acteurs (professionnels ou non) tous incroyables de vérité, truffée de scènes ultra justes qui nous font parfois sourire et bien sûr souvent monter en pression, cette tranche de vie est une mise en garde, une de plus, dans le droit fil de celle que lançait Daniel Blake. Elle devrait être diffusée en boucle, toutes les nuits, en message subliminal à tous les gestionnaires, à tous les politiques aux manettes, pendant leur sommeil ! Une fois de plus, total respect à K.Loach, ce seigneur, et à toute son équipe pour cette oeuvre indispensable....

Voilivoilou, à la prochaine

Cet été est quand même un peu bizarre, avec ses ouvertures de salle assorties de mesures de distanciation, tous ces masques qu'on croise dans les boutiques et maintenant dans les rues, la paranoïa qui se banalise, ou la prudence ou la méfiance... Pour voir on a tenté, ma femme et moi, de renouer avec nos habitudes du "monde d'avant" en entrant dans une salle obscure. Et pour ça on s'est dit qu' "Eté 85", c'était peut-être une occasion.

Ca raconte la naissance et la combustion d'un amour entre deux jeunes gens dans une station balnéaire au bord de l'océan. L'un extraverti, solaire et volage jusqu'à la bisexualité, l'autre plus secret, cédant au magnétisme de l'autre presque malgré lui, peut-être surpris de se découvrir homo. Le plus déluré des deux se déplace sur une 125 Suzuki, c'est peut-être pour ça que je reposte dans cette rubrique, où je n'ai rien mis depuis si longtemps.
Bref, on a été bien déçus, contrairement aux parigobobos du "Masque et la plume", ces gens tellement sûrs de leur bon goût, de leur culture et de leur supériorité, ces gens pour qui le film de F.Ozon est une pépite...
Mézigue, dans allociné j'ai mis que 2 étoiles et j'ai dit ça :

Avec moi ça n'a pas marché... Pourtant 85, c'est l'époque de ma trentaine, la fin avérée des trente glorieuses mais leur parfum encore dans l'air, les slogans soixante-huitards encore dans les esprits (genre" interdit d'interdire"," jouir sans entraves" et "sous les pavés la plage"), un restant d'insouciance du coup et pas encore de culpabilité chez les consommateurs décomplexés. Tout ça passe dans le film, dont le grain et l'esthétique rappellent cette époque où les moteurs deux-temps, ultra polluants, équipaient encore parfois les motos sans qu'on y trouve à redire, époque encore bénie d'avant le sida, le dérèglement climatique, le continent de plastique, le confinement, la vie masquée et toutes les joyeusetés qui nous attendent peut-être... c'est déjà ça...
Ozon veut nous dire la naissance d'une passion en sens trop unique, nous donner à comprendre la complexité d'une relation, installer une ambiance de drame masquée par l'exultation des corps d'éphèbes, nous préparer aux cendres après la lumière d'un feu de paille. Et avec moi il se plante, je n'y ai pas cru. Car trop de maladresses gâchent l'impact des scènes réussies : la voix off est trop présente et peu naturelle, les flash-backs apportent peu, le personnage de la mère ambigüe est souvent limite caricatural, une scène dans un cimetière peine à être crédible malgré l'excellente reprise de Lou Reed qui l'accompagne, et une scène dans une morgue est carrément ridicule !
Bref, après des cartons aussi réussis que "Grâce à Dieu" et "Frantz", ce "blé en herbe" qui tourne mal m'apparaît comme une contre-performance, malgré la prestation de deux jeunes acteurs investis. Dommage.

Un film pour ne rien dire en quelque sorte !

Comme tu dis Manu.
Si le but du réal était de faire passer à l'écran sa nostalgie des dernières années d'insouciance, il est desservi par la lourdeur de son intrigue, qui gomme les qualités esthétiques parfois indéniables de son film. Les belles images ça suffit pas !
Le "Masque et la plume" ont a perdu encore un peu de leur sa crédibilité pour moi, sur ce coup là !

On n'ira pas le voir exprès dans ce cas !

Jean-Christophe Meurisse m'a fait découvrir son univers absurde et hilarant avec ''Apnée'' en 2016, film à sketches en roue libre qui dézinguait le monde moderne, déjà ça me parlait
Il continu son chemin avec le dingo : ''Oranges sanguines'', articulé autour de trois histoires a priori déconnectées : un couple de retraités tente de remporter un concours de danse rock n roll ; une ado veut avoir sa première expérience sexuelle et tombe sur un psychopathe ; un ministre empêtré dans une affaire de fraude fiscale.
Bref, un film ovni qui va de comédie grinçante à, mourir de rire, de film de torture (deux scènes assez longues) à récit social. Punk, réjouissant et bourré d'humour (à mon sens), vraiment anarchique, mais qui traite de vrais sujets comme - le déracinement des élites, la lutte des classes et l’ineptie de nos sociétés, entre autres...
Une farce noire, comme disent les critiques, mais au bout du tunnel, de la lumière.
Ne pas regarder avec ses gosses, ou alors des ados précoces et un peu trashs...
Jouissif.
Bon je ne m'étale pas plus , c'est à voir, je précise que ça fait très longtemps que je n'avais pas autant pris mon pied à voir un film aussi déjanté mais qui tient la route...
Ha oui, primé à Cannes, pour ceux à qui ça parle...
Je me suis un peu inspiré de certaines critiques du film, j'avoue, mais c'est tellement bien résumé...
Bon visionnage.

Je n'écrirai pas autant que vous. Un des derniers film que j'ai vu et qui m'a bien plus AS BESTASMarina Foïs très bonne je trouve.

Les nuits de Masshad j'ai aimé aussi.

Dernièrement maria rêve.

Salut
à voir et revoir: les seigneurs de Dogtown, et Easy rider, The Wall, Countryman, Limitless ou Waterworld.
Certains en VOD et d'autres sur You tubes.
A plus